• - Le Pays de Salm après Catherine

    Avant de me plonger totalement dans un second roman qui fera un grand saut dans le temps, je veux répondre aux lecteurs des "Démons du Pays de Salm" qui m'ont fait savoir avec beaucoup de gentillesse qu'ils préfèreraient une suite immédiate à l'histoire de Catherine Cathillon et des familles qu'ils ont appris à aimer et à celle du Comté de Salm que, pour la plupart, ils ne connaissaient pas.

    Mais une telle suite risquerait d'être fastidieuse (pour les lecteurs comme pour moi) et peu différente de l'époque déjà traitée: la guerre de 30 ans commence à peine à la fin des "Démons", et comme son nom l'indique, elle va durer... et sera suivie par bien d'autres conflits impliquant, même indirectement, notre petite contrée. Quant aux personnages, je m'étais, moi aussi, beaucoup attachée à eux... trop pour poursuivre sans eux dans la même veine, et je préfère donc en sortir d'autres de l'oubli, en les replaçant dans leur (autre) époque: l'après guerre de 1870.

    J’ai tout de même voulu "faire le point" avant de sauter au 19 ème siècle. Entre ces générations et leurs histoires respectives, voici  donc un très rapide survol des évènements.               

     

     Après Catherine :

    de nouvelles guerres, un nouveau partage, et une révolution

     

                Après l'exécution de sa mère sur le bûcher de Badonviller en avril 1622,  « Petit Jean », le fils aîné de Catherine Cathillon et Nicolas de La Goutte de Paradis, a réussi,  au prix de grandes difficultés (il ne fait pas bon être de la famille d'une « sorcière » !), à reprendre son métier de relieur. Avec son épouse Anne, il continue aussi à écrire des articles pour la gazette intitulée « Communication de toutes les histoires importantes et mémorables », créée à Strasbourg par Maître Johan Carolus, pionnier de l'histoire du journalisme. Lisons quelques extraits des « petits carnets » qu’il commence à tenir quelques mois après l’exécution de Catherine:

     

                Janvier 1623 : Comme nous nous en doutions, Philippe Otton, notre comte de Salm, fraîchement converti au catholicisme et qui n’a pas voulu contrarier ses nouveaux amis en intervenant en faveur de ma mère injustement condamnée pour sorcellerie, est revenu du Saint Empire Romain germanique avec le titre de Prince. Une longue « bulle impériale» de Ferdinand le Second lui accorde ce privilège, à lui et à ses descendants. Espérons que notre Prince préservera toutefois l’indépendance de notre pays et ne nous entrainera pas dans ces incessantes guerres déclenchées par nos voisins et qui ne nous concernent en rien.

     

                1639 : les guerres de religion semblent à leur paroxysme avec l’entrée en jeu de la France contre les Habsbourg du royaume d’Espagne et ceux de l’Empire germanique. Après l’invasion des Suédois, ce sont les troupes de Louis XIII qui s’installent en Alsace et font de fréquentes et sanglantes incursions sur notre territoire.

     

                1648: la paix est-elle enfin revenue? L'empereur d'Allemagne semble avoir déposé les armes, mais le traité de Westphalie va-t-il vraiment mettre fin à cette guerre qui, trente ans durant, embrasa les pays voisins et vit déferler dans la vallée de la Bruche et le Pays de Salm tour à tour armées régulières et mercenaires catholiques ou protestants mettant également à sac nos campagnes ?

                A l’issue de cette  « Guerre de trente ans », une grande partie de l’Alsace a été cédée à la couronne de France, ce qui ne nous promet pas la paix pour autant : le duc de Lorraine entend récupérer ces  terres et  notre pays continue à être un lieu de passage incessant de troupes et de soldats isolés.

     

                Dans la famille de la Goutte de Paradis, l'éducation des femmes semble suivre les principes défendus par l'ancêtre Catherine, car c'est Christine de Paradis (la famille a raccourci son nom en même temps que se tarissait la « goutte » qui coulait devant leur maison de Vacquenoux) qui prend la suite des petits carnets de son grand-père. C'est donc elle qui relate la reprise du conflit, toujours resté latent, entre catholiques et protestants:

     

                1685: Les calvinistes de notre Principauté de Salm sont restés à l'abri des exactions que l'on voit commettre en France, où le roi Louis XIV a lancé ses "dragonades": l'armée s'est installée dans les maisons des tenants de la Réforme, pillant, violant et torturant, jusqu'à ce que ceux-ci abjurent leur croyance. Estimant alors qu'il n'y avait plus d'opposition religieuse, il vient de révoquer l'Edit de Nantes qui, depuis Henri IV, permettait la liberté de culte, il a fait détruire les temples, envoyer aux galères ou bannir les derniers protestants déclarés. Beaucoup sont venus se réfugier dans notre Principauté où continue à régner la tolérance.

                En France, le clergé catholique, désormais seul en place, bénéficie de privilèges financiers scandaleux, étant donné la misère du peuple, et siège en permanence aux côtés du roi pour orienter sa politique. Mais on dit que la colère gronde chez les ouvriers et chez les paysans, et qu'ils auraient le soutien  d'une partie de la bourgeoisie.

     

                Il faudra un peu plus de cent ans à cette colère pour se structurer, et donner naissance en France à la République. Entre temps, le Pays de Salm aura connu un nouveau découpage pour lequel Valentin de Paradis reprend la suite du petit carnet tenu par les générations précédentes :

     

                Décembre 1751 : Notre petite Principauté va être redécoupée ! Un chamboulement aussi grand que celui que connurent nos ancêtres en 1598. Cette année-là, les deux Comtes qui gouvernaient le Pays de Salm en indivision avaient décidé d’en faire deux lots de valeur égale afin d’en offrir un à Chrestienne de Salm pour son mariage avec le Duc de Lorraine. Depuis, notre partie de territoire restée propriété du Comte de Salm se trouve enclavée dans les terres devenues lorraines, les maisons de certains villages appartenant à l’un ou l’autre seigneur, sans cohérence apparente.

                Convention a donc été passée le 21 de ce mois entre notre comte Nicolas Léopold de Salm, Stanislas de Lorraine et le roi de France Louis XV pour répartir terres et villages en deux aires géographiques bien distinctes. Les populations concernées vont ainsi changer de pays tout en restant chez elles, sans que nul ne sache qui sera les meilleurs des anciens ou des nouveaux maitres. La nouvelle frontière passe par la rivière la Plaine : au nord la part de la Lorraine, qui va d’ailleurs l’offrir au roi de Pologne, au sud notre pays, qui reste Salm-Salm, et je crois que ceux qui se trouvent de ce côté-ci  n’auront pas à s’en plaindre. Nous perdons certes Badonviller, dont nous n’avions déjà qu’une moitié des maisons et des terres environnantes, mais nous gardons en totalité une trentaine de villages dont le ban de Senones, celui de Plaine, et surtout les richesses de la forêt du Donon et des mines et forges de Framont-Grandfontaine. De quoi favoriser un meilleur développement de notre petite Principauté.

     

                Mais la prospérité  ne profita pas à tous et la résignation des paysans et des ouvriers fit peu à peu place à des mouvements de colère contre les profiteurs et contre les impôts qui, de tout temps avaient écrasé le petit peuple. A l’image de la France voisine, certains bourgeois éclairés se mêlèrent à la vindicte populaire et on vit même apparaître des loges de franc-maçonnerie diffusant l’esprit des « Lumières » au sein de l’armée de Salm.

                Dès le début de la révolution française, les descendants de Catherine, de Martin le libre penseur et de tous ceux qui avaient continué à œuvrer contre l'obscurantisme depuis l'époque des procès en sorcellerie, se réjouirent donc pour leur grand voisin. Huit cent volontaires de la Principauté de Salm s’enrôlèrent  dans le bataillon des Vosges pour défendre la République française. Beaucoup voulaient  remplacer à Salm aussi le pouvoir héréditaire de leurs princes,  qu’ils jugeaient trop liés à l'empire germanique et à l’Eglise, et rêvaient d’abattre les privilèges des seigneurs et du clergé. Constantin Alexandre de Salm, sentant d’ailleurs le vent tourner, quitta son château de Senones le 15 aout 1791 pour aller se réfugier en Westphalie.

                La nouvelle République française prit toutefois une décision qui se révéla fâcheuse pour le petit pays de Salm: la Convention  Nationale interdit la sortie de denrées alimentaires du territoire français,  et la famine menaça la population.  Raisons idéologiques ou alimentaires, espoir de justice ou attrait de quelques sacs de blé, toujours est-il que Salm en vint à souhaiter le rattachement de la Principauté à la France républicaine. Le 24 février 1793, les 238 conseillers municipaux des différentes localités réunis à Senones,  votèrent à l’unanimité  la demande  d’annexion à leur grand voisin. La Convention en ratifia le traité le 2 mars suivant, incorporant la Principauté de Salm au département français des Vosges, et créant deux nouveaux cantons : Senones et La Broque.

                Onze villages de la Vallée de la Bruche firent à leur tour une pétition pour demander à être rattachés à ce nouveau département français ( Schirmeck, Barembach, Russ, Wisches, Rothau, Neuviller, Natzwiller, Wildersbach, Waldersbach, Saulxures, et Saint-Blaise-la-Roche renommé Roche-Libre), ce qui fut fait le 11 avril 1795, ou, pour rester dans le ton de l’époque,  le  22 germinal de l’an III.

                En 1871, la Prusse arrachera à la France une partie de ce département des Vosges pour l’annexer aux terres allemandes. Mais ceci est une autre histoire, qui fera l’objet d’un nouveau roman, basé sur les évènements historiques  qui traversèrent cette petite contrée, tels que les ont vécu les descendants de Catherine : mes arrière-grands-parents, mais aussi un certain nombre de personnages fictifs, saisis dans leur vie quotidienne, leur situation personnelle, leurs aspirations, leurs amours.

     

    Sources de ce petit résumé, outre les ouvrages historiques classiques : l’incontournable collection de la revue « l’Essor » et le gros livre « Schirmeck au cœur de la Vallée de la Bruche » édité par cette ville.

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  • Commentaires

    1
    VANSTAVEL Bernadette
    Vendredi 16 Septembre 2016 à 11:15

    Bonjour,

    Mon passe temps est la généalogie.

    je suis de la branche de Catherine de Cathillon par mon ancêtre Nicolas De Paradis De La Goutte 1550 1620

    descendante par leur fis Jean .( père de maman Prosper Jules Paradis né à Barembach en 1869 )

     Ou puis je trouver vos livres je suis fortement intéressée .

    Catherine est un des personnage préféré de mon arbre bien sûr.

    Peut être me répondrez vous ...

    Merci beaucoup , cordialement

    Bernadette VANSTAVEL

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